L’édito du mois d’avril

Vous avez dit qu’il est ressuscité ?!?

Dans Paraboles d’un curé de campagne, de Pierre Trevet

Un jour, dans une grande ville, M. Luc Cléophas prend un taxi. Il explique au chauffeur qu’il a beaucoup de travail et comme la course doit durer pas moins de trois quarts d’heure, il en profitera pour consulter et préparer ses dossiers. Il se met donc à l’arrière. Il aimerait aussi que le chauffeur éteigne la radio. Très aima-blement, le chauffeur répond à toutes ses demandes. Après tout, le client est roi. Voilà qu’ils roulent depuis une bonne demi-heure. À ce moment-là, alors que la voiture roule au ralenti dans un embouteillage, Luc Cléophas veut demander au chauffeur un renseignement concernant l’adresse exacte où il doit se rendre. Pour cela gentiment, de sa main gauche, il lui tape sur l’épaule. Immédiate-ment, à sa grande surprise, il voit le chauffeur sursauter, comme rarement il a vu quelqu’un sursauter et lâcher le volant. La voiture fait une embardée, faillit rentrer dans un réverbère, puis dans le parapet, pour finalement s’immobiliser, Dieu sait comment. Une fois que l’un et l’autre ont retrouvé leurs esprits, M. Cléophas présente ses excuses : « Je suis désolé, je ne pensais pas vous surprendre à ce point… Mais que s’est-il passé pour que vous réagissiez si fortement ? C’est moi qui suis désolé, lui répond le chauffeur. J’étais complétement dans la lune. En fait, c’est mon premier jour de conduite d’un taxi ; jusqu’à présent et pendant des années, j’étais chauffeur de corbillard… ! »

On comprend ce qui s’est passé dans la tête du chauffeur, une fraction de seconde, lorsque, tiré de ses pensées, il avait senti une tape sur l’épaule.

Les apôtres eux aussi ont sursauté quand ils ont vu Jésus de leurs propres yeux après sa mort. Ils l’ont pris pour un fantôme. Les quatre évangélistes, qui nous racontent comment ils ont su que Jésus était revenu de chez les morts, insistent sur le fait qu’ils ont été très surpris……

Puissions-nous réaliser de plus en plus à quel point Jésus est vivant et qu’avec Lui, nous sommes déjà des survivants,des supers vivants. Au Baptême, Dieu a inscrit dans notre chair la réalité de l’au-delà de la mort, la vie éternelle. À cette annonce, il y a de quoi sursauter !…

Dans les évangiles, la Résurrection n’est pas un conte de fée. Ce n’est pas la résolution de tous les problèmes du monde. Lorsque saint Paul écrit que « rien, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le dénuement… rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ » ; il évoque des réalités qu’il a vécues.

Une anecdote des moines des tout-premiers siècles de l’Église raconte qu’un moine rencontre un vieux moine tout triste. Il lui demande ce qui se passe. Et le Père lui répond : « Je me mets à douter de l’intelligence des frères au sujet des grandes réalités de Dieu. C’est la troisième fois que je leur montre une nappe sur laquelle j’ai dessiné un point rouge en leur demandant, ce qu’ils voient ; ils m’ont répondu à chaque fois :« Un point rouge !» et jamais ils ne m’ont répondu qu’ils voyaient une nappe… !

Nous avons le choix : rester toujours fixés sur le point rouge ou bien faire du Christ ressuscité la toile de fond de notre vie. Il nous conduit vers l’air sain des hauteurs…vers la vie selon la vérité… vers le courage qui ne se laisse pas intimider par la rumeur des opinions dominantes… vers la patience qui supporte et soutient l’autre…vers la bonté qui ne se laisse pas désarmer, même par l’ingratitude… Parce qu’à notre baptême, Dieu a inscrit dans notre chair la réalité de l’au-delà de la mort, la vie éternelle.

A tous je souhaite une joyeuse fête de Pâques. Que Jésus Ressuscité soit notre compagnon de tous les jours. Rien ne peut nous séparer de Lui, depuis notre baptême.

Père Philippe THIERRY