« Revenu à la vie. Ressuscité. » Qu’est-ce que ça veut dire ?
À la maison, en famille ou entre amis, on a sans doute quelques difficultés à trouver les mots pour dire ce qu’est la résurrection. Nous pouvons aborder ce sujet à partir d’ expériences de la vie concrète et aussi en nous référant à la Bible, spécialement le Nouveau Testament.
Revenu à la vie
Le mercredi 15 mars 2017, au cours d’un après-midi de catéchèse, un enfant s’est interrogé sur la signification de cette phrase dans l’évangile selon saint Luc : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ». Nous étions en train de découvrir la parabole du fils prodigue appelée aussi la parabole du père et des deux fils (à lire ou relire dans Luc 15). La pertinence du questionnement de cet enfant nous renvoie au fait que les mots à l’origine du concept de « résurrection » ne sont pas réservés à ce qui se passe après la mort. Dans les Évangiles, selon l’étymologie grecque, être ressuscité c’est être « relevé » ou « réveillé ». Le fils cadet de la parabole est revenu à la vie, au sens où il s’était coupé radicalement de toute relation avec son père, et le voilà revenu. Il retrouve sa vie de fils. La pierre qui le retenait enfermé dans ses impasses de révolte, de violence, de déviance morale, de vide spirituel, de ses égarements, la voilà roulée sur le côté. Le voilà sorti de l’ornière. Il est libéré, relevé. Il vit.
Une re-naissance au quotidien
La résurrection est une re-naissance, une re-création. Vivre la résurrection au quotidien signifie que je peux me lever pour une vie nouvelle, plus libre, plus ample, plus vraie, plus belle. Alors, les liens qui me retenaient prisonnier en particulier des forces du mal se mettent à craquer, je revis. Re-naître, c’est aussi accepter de vivre avec ses fragilités, accepter sans se résigner ; Jésus lui-même n’est pas passé directement du jeudi saint à Pâques. Prenant sur lui nos péchés et portant nos souffrances, il n’a survolé aucune étape de sa vie, y compris les derniers jours qu’il a vécu heure par heure, librement, en douleur, amour et vérité. Re-naître, c’est aussi faire le deuil de la toute-puissance. Déjà, la résurrection s’inscrit dans notre vie concrète.
La résurrection de Jésus
On ne dit de personne, sauf de Jésus, qu’il est revenu à la vie après sa mort. Dans le contexte d’alors, la résurrection est une absurdité pour les Romains. Quant aux Juifs, ils sont partagés sur ce sujet. Les uns comme les Pharisiens affirment qu’il y aura une résurrection des morts à la fin des temps car Dieu ne peut laisser le juste dans la mort. Les autres comme les Sadducéens s’opposent en ce domaine aux Pharisiens. Quant aux femmes, lorsqu’au matin de Pâques elles trouvent le tombeau vide, elles ne pensent pas qu’il est « ressuscité » (Jean 20, 6). Et les disciples, ils ont été tellement secoués, mis en état de choc par la Passion du Christ qu’ils ne crurent pas aussitôt à la nouvelle de la Résurrection. De plus la réalité physique de la résurrection, c’est-à-dire de la résurrection du corps, de la chair reste incroyable à leurs yeux.
Appelés, nous-mêmes, à la Vie avec Lui
Or, Jésus est ressuscité. Il n’est pas seulement réanimé pour un temps. « La mort n’a plus de pouvoir sur lui. » (Romains 6, 9) Il ne se réincarne pas dans un autre élément de la nature. Durant 40 jours, il s’est manifesté de nombreuses fois à ses apôtres. Il est même apparu à plus de 500 frères à la fois, nous dit saint Paul (1 Co 15,4-8). C’est bien celui que les disciples ont connu, accompagné sur les routes de la Galilée et de Judée, entendu enseigner et vu soulager les misères de ceux qui venaient à lui. Sa résurrection bouleverse des lois de la nature et échappe à notre perception. Son humanité n’est plus retenue sur terre et n’appartient plus qu’au domaine divin du Père. Son corps authentique et réel possède les propriétés nouvelles d’un corps glorieux. S’il n’était pas ressuscité, comment expliquer l’audace, le courage des apôtres qui n’avaient pas peur d’affronter les railleries et même les persécutions pour témoigner de la Passion et de la Résurrection du Christ ?
Père Jean-Marie VERON