L’édito du mois de novembre

La solennité de la Toussaint

Nombreux sont les chrétiens qui vont à l’église pour le jour de la TOUSSAINT. Beaucoup tiennent à offrir une intention de messe pour un ou plusieurs défunts de la famille ou amis. La visite au cimetière avec le fleurissement des tombes ou espaces cinéraires souligne la force du lien existentiel qui relie les vivants et les morts. Qu’y a-t-il donc au cœur de la fête de la TOUSSAINT ? Et pourquoi alors se remémorer nos défunts et prier pour eux ?

 

La TOUSSAINT est une grande fête.

 

Elle est une solennité de l’année liturgique, à l’égal de Noël, Pâques, la Pentecôte ou encore l’Assomption. Sa raison d’être, c’est de mettre à l’honneur tous les saints les plus illustres et les anonymes qui n’ont pas été reconnus officiellement par l’Église. Son origine remonte aux premiers siècles de notre ère chrétienne. Elle fut instituée pour commémorer les martyrs dont le nombre était inconnu et qui, de ce fait, ne pouvaient être gratifiés d’une fête particulière.

 

Jusqu’au Vème siècle, les saints étaient honorés dans la ville ou le village où ils avaient vécu ou bien achevé leur pèlerinage terrestre. Chaque localité avait sa liste de saints et conservait un récit de la mort de ses martyrs, confesseurs de la foi, ou évêques (souvent martyrs ou confesseurs) et autres saints, hommes et femmes. Mention était faite de leur nom au cours de la prière eucharistique. Dans les grandes villes où la population chrétienne était importante et la persécution particulièrement sévère, comme à Rome et à Antioche, l’Église confia à des notaires le soin de garder ces récits, Pendant certaines persécutions, le nombre des martyrs fut si grand que seuls les plus connus restèrent dans les mémoires. Les autres étaient honorés à l’occasion d’une fête de tous les Martyrs, et cela dès le Vème siècle. Cette fête allait devenir notre Toussaint, ou solennité de Tous les saints.

 

En 835, le pape Grégoire IV ordonna que cette fête fut célébrée dans le monde entier. Dieu dans la vie des saints « nous procure un modèle, dans la communion avec eux une famille, et dans leur intercession un appui », dit la première préface des saints dans le missel romain. Considérer tel saint ou telle sainte comme un modèle, ce n’est pas chercher à l’imiter en tout point au sens de faire un copier-coller entre sa vie et la nôtre. C’est plutôt trouver dans son témoignage une inspiration et un encouragement à développer nos propres dons et répondre avec ce que nous sommes (tempérament, personnalité) à l’appel de Dieu à la sainteté. Aussi, nous avons tout à gagner et en particulier dès la période de l’enfance, à nous familiariser avec des belles figures de sainteté. Avec la Toussaint, l’Eglise vient redire aujourd’hui encore que l’appel à la sainteté s’adresse à chacun. Ayant pour guide et maître dans sa vie le Christ, le Saint, Sainte Mère Térésa disait : « En apprenant à aimer, nous apprenons à être saints ».

 

La Toussaint illumine le jour suivant, le 2 novembre.

 

Dès les premiers temps du christianisme, la conviction s’est établie que les vivants ont à prier pour les morts. Au moment de mourir, sainte Monique (IVème siècle), mère de saint Augustin, demandait à son fils de se souvenir d’elle « à l’autel du Seigneur, partout où tu seras ». Au VIIe siècle, offrir une messe pour un défunt particulier devint une pratique courante. La célébration de l’Eucharistie – la messe – c’est le Christ offert en sacrifice d’expiation et de propitiation (intercession). Notre prière pour les âmes du purgatoire les aide, et elle nous situe dans une communion spirituelle avec elles qui rend efficace en même temps leur intercession pour nous.

 

C’est en 998 que le monastère bénédictin de Cluny instaura la commémoration de tous les frères défunts, le 2 novembre. Cette pratique s’étendit aux autres monastères, puis aux paroisses desservies par le clergé séculier. Au XIIIe siècle, Rome inscrivit ce jour de commémoration sur le calendrier de l’Eglise universelle.

 Père Jean-Marie VERON