La Résurrection, socle de la foi chrétienne
C’est un challenge d’aborder un sujet si fondamental en trois brèves questions. Je m’y risque.
Est-ce qu’on peut comprendre la Résurrection ?
Après les horreurs de la Passion causées par le péché des hommes, et la mise au tombeau, voici le matin de Pâques. La nouvelle se répand. Jésus a disparu ! Il n’est plus au sépulcre. Et il apparaît d’abord aux femmes qui courent au petit matin jusqu’au tombeau pour embaumer son corps, puis à Pierre et Jean alertés par leurs exclamations.
L’inédit total, c’est que Jésus n’a pas simplement retrouvé un corps « réanimé » pour vivre comme avant, comme Lazare par exemple, qu’il avait rappelé à la vie : Lazare avait repris son existence et était concrètement mort une seconde fois. Jésus, vraiment mort sur la croix, a « passé la mort » comme le disent les Saintes Écritures, pour vivre cette vie éternelle promise par le Père des cieux. En ressuscitant, il est différent, autre, vivant d’une vie nouvelle, glorifié en Dieu. En même temps, c’est bien lui, Jésus, celui avec qui les apôtres ont vécu.
Pouvons-nous y croire, et faire confiance ?
Non pas seulement faire confiance aveuglément au témoignage des femmes qui ont vu le tombeau vide ou des disciples qui ont dit que Jésus s’était manifesté à eux ressuscité. Mais faire confiance aussi parce que nous sentons, que le chemin qu’a suivi Jésus durant sa vie et à travers sa mort, nous ouvre une porte que nous pouvons nous aussi franchir.
La résurrection est le cœur de la foi chrétienne. Elle fait entrer dans une vie nouvelle dont Jésus est le premier vivant, qui nous ouvre un « passage », ce que signifie le mot « Pâques ». Croire en la résurrection de Jésus, c’est croire aussi à notre propre vie éternelle, sous une forme encore inconnue, mais en sachant que nous serons toujours nous-mêmes. Et ce point-là revêt une importance vitale.
Posséder la vie éternelle, qu’est-ce que c’est ? Sinon, cette vie non plus fermée sur soi mais ouverte à Dieu et aux autres, cette vie donnée qui a mis la mort derrière soi, cette vie peut être alors plus forte que la mort. C’est ce que Jésus appelait la vie éternelle. Toute la chair de notre vie, notre identité la plus personnelle, ce qui fait que nous sommes chacun un être unique, bref notre vie de chair et de sang commence peu à peu à se transformer et traversera la mort.
Une chrétienne du 20e siècle, Madeleine Delbrêl écrivait : « Qu’est ce que Jésus est venu nous apporter ? Il est venu nous apprendre comment posséder la vie éternelle dès maintenant et traverser la mort sans la perdre ». La résurrection du Christ ouvre une brèche dans nos enfermements et dans nos morts. D’ailleurs, par de « petites résurrections » nous sentons déjà, dans l’existence quotidienne, que Dieu nous sauve dès aujourd’hui. Si Jésus seul a vécu pleinement la résurrection, comme témoignent l’Évangile et l’Église, il invite tout être humain dans ce mouvement de vie éternelle.
Quelle est la différence entre la résurrection et la réincarnation ?
Ceux qui croient en la réincarnation disent que nous avons plusieurs vies et que nous préparons au mieux la vie suivante, jusqu’à la réalisation de toutes nos potentialités humaines. A l’inverse, les chrétiens affirment que la vie est unique et qu’après la mort, la communion profonde que nous avons avec Dieu va s’accomplir dans sa plénitude, après que nous ayons été totalement purifiés. Et puis lors de la résurrection à la fin de temps, quand le Christ viendra dans la gloire, nous serons nous-mêmes, avec notre propre corps, mais différents, libérés des contraintes physiques, avec un corps transformé, « transfiguré ». Dans cette vie éternelle, qui est le règne de l’Amour divin, nous restons, dans la prière, en contact avec nos proches.
Père Jean-Marie VERON