La cathédrale Notre-Dame et l’Église
Notre Dame de Paris
Faut-il reconstruire à l’identique ? Y-a-il un budget à ne pas dépasser ? Est-ce raisonnable de vouloir réaliser un tel chantier à marche forcée, en un temps record ? Je ne répondrai pas à ces questions. J’émets toutefois un souhait, celui de voir naître au cœur même de ce projet immense une ou plusieurs initiatives vraiment significatives pour les personnes démunies, les petites gens, sachant bien sûr que le diocèse de Paris déploie depuis fort longtemps des œuvres caritatives, cependant encore insuffisantes.
La cathédrale Notre Dame de Paris est d’abord un lieu dédié, consacré à Dieu. Sans la foi des chrétiens ayant traversé l’histoire de la France, elle n’aurait jamais existé. Au fil des siècles, l’Église a annoncé l’Évangile, elle est allée à la rencontre des peuples et des cultures, elle a formé des générations et des générations de fidèles. Elle continue sa mission de faire connaître la Bonne Nouvelle du salut en Jésus Christ à tous les hommes.
Faire ou être l’Église
« Le salut que Dieu nous offre est œuvre de sa miséricorde. Il n’y a pas d’action humaine, aussi bonne soit-elle, qui nous fasse mériter un si grand don. Dieu, par pure grâce, nous attire pour nous unir à lui. Il envoie son Esprit dans nos cœurs pour faire de nous ses fils, pour nous transformer et nous rendre capables de répondre par notre vie à son amour. L’Église est envoyée par Jésus Christ comme sacrement de salut offert par Dieu […] », Pape François, La joie de l’Évangile n° 112. L’Église sacrement du salut, c’est-à-dire l’Église signe et moyen de l’union avec Dieu et de l’unité du genre humain (cf. Concile Vatican II, l’Église dans le monde de ce temps, n°36).
Pour édifier Notre Dame de Paris, les Compagnons du Devoir se mettront au travail, chacun selon ses dons, ses capacités, ses compétences. Ils vont faire œuvre commune. Ce qui me fait penser à cette petite histoire : un touriste visite un chantier, il s’adresse à un premier tailleur de pierre et lui demande « Que fais-tu ? », il répond « Je taille une pierre », à un second même question, il répond « Je gagne ma vie », à un troisième même question, il répond « Je construis une cathédrale ». Eh bien, c’est un peu ce qui se passe pour l’Église quand ses membres acquièrent une vive conscience d’en être les pierres vivantes. Ils ont à cœur de la voir comme une œuvre commune qui les dépasse et de laquelle ils se sentent responsables. A notre niveau, chez nous, on peut dire : « Pas de paroisse sans paroissiens ». Il nous faut de semaine en semaine chanter, prier, célébrer le Seigneur. Et en même temps, il importe d’appeler pour tel ou tel service, de penser à passer la main dans tel ou tel domaine, d’accompagner, épauler et former quelqu’un qui va accepter de s’engager pour une mission précise. Et surtout, les paroissiens dans leur diversité sont appelés à se montrer partie prenante de l’Église implantée dans notre milieu rural grâce à la foi de ceux qui nous précèdent.
Que chaque enfant porte sa pierre
C’est le refrain d’un chant de Jean-Pierre et Brigitte ARTAUD : « Que chaque enfant porte sa pierre au chantier de la maison du Père, une cathédrale s’élève vers le ciel ». Effectivement, nous avons besoin d’élévation, de transcendance, d’altérité, de vie spirituelle. « Si l’incendie [de Notre Dame] a produit une telle émotion, c’est parce que ses flammes dévoraient un édifice qui symbolisait puissamment la capacité des êtres humains à penser (à se penser) au-delà d’eux-mêmes, à s’élever, à ne pas se contenter de la simple matérialité du monde », Jean-François Bouthors, Ouest France 24 avril 2019.
[…]. Personne ne se sauve tout seul, c’est-à-dire ni comme individu isolé ni par ses propres forces. Dieu nous attire en tenant compte de la trame complexe des relations interpersonnelles que comporte la vie dans une communauté humaine. Ce peuple que Dieu a choisi et convoqué est l’Église. Jésus ne dit pas aux Apôtres de former un groupe exclusif, un groupe d’élite. Jésus dit : « Allez, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Saint Paul affirme qu’au sein du peuple de Dieu, dans l’Église, « il n’y a ni Juif ni Grec […] car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28). Je voudrais dire à ceux qui se sentent loin de Dieu et de l’Église, à ceux qui sont craintifs et indifférents : le Seigneur t’appelle toi aussi à faire partie de son peuple et il le fait avec grand respect et amour », Pape François, La joie de l’Évangile n° 112.
Père Jean-Marie VERON