Réflexion : l’estime de soi, une alliée indispensable

Suspecte parfois, l’estime de soi est un besoin fondamental. Or cette bonne graine s’épanouit considérablement à la lumière divine. Voici une méthode originale éclairée par la parole de Dieu pour grandir dans une juste estime de soi et vivre dans l’amour.

PAR ANNE-MARIE HAUMONTÉ – PROPOS RECUEILLIS PAR MAGALI MICHEL pour l’1visible.

Mieux vaudrait s’oublier soi-même que trop s’estimer… Un bon chrétien se devrait d’être effacé… Gare à l’orgueil… « Ne vous surestimez pas plus qu’il ne faut vous estimer, mais gardez de vous une sage estime », recommande quant à lui l’apôtre saint Paul (Rm 12, 3). Cette sage, autrement dit juste, estime de soi n’a rien d’une quête égocentrique. C’est la reconnaissance de la dignité de chacun sous la bénédiction de Dieu et de la spécificité des dons reçus au service de tous.

Cette précieuse estime de soi contribue alors à la paix intérieure de chacun et à l’unité de tous dans la mesure où chacun est à sa place. Or cette place inaliénable, chacun peut l’occuper sous le regard bienveillant de Dieu. C’est en Dieu que l’on apprend le mieux à se connaître. Une véritable connaissance de soi fonde une véritable estime de soi. Et il est nécessaire de se trouver soi-même pour faire fructifier les talents reçus.

LE BEL AMOUR DE SOI

Sur ce chemin, je vais apprendre à m’aimer moi-même malgré mes défauts, limites et échecs. Je mérite le respect et l’amour. Ce bel amour de soi est une force intérieure et une profonde sécurité affective. Il me conduit à aimer les autres comme moi-même. Il est fortifié par l’amour gratuit de Dieu qui unifie la personnalité. Enveloppé par ce regard, j’ajuste mon regard sur moi et je pose un regard plus juste sur les autres. Il est avant tout important de prendre conscience du regard que je porte sur moi. Est-ce que je me vois avec complaisance ? Avec dureté ? Cette vision est rarement objective. N’ayons pas peur de prendre conscience de ce qui peut négativement conditionner le regard que nous portons sur nous- même. Il n’est jamais trop tard pour être libre et heureux et fidèle à mes désirs profonds. Je préconise de commencer par regarder son corps. Comment est-ce que je le vois ? Est-ce que je le respecte ? Est-ce que j’en prends soin ?

La Parole de Dieu me dit qu’il est le temple de l’Esprit Saint… Et si mon mental me pollue en boucle avec des accusations, des croyances limitantes, j’antidote chaque pensée de doute, de comparaison, de tristesse, de culpabilité à l’aide d’une parole de Dieu appropriée. Je peux prendre chaque jour un petit temps pour lire les textes du jour proposés par l’Église, ou ouvrir l’évangile, et noter les paroles qui viennent toucher mon cœur. Je peux les relire régulièrement à chaque fois que le doute m’assaille. Peu à peu, ces paroles de vie, accueillies avec foi, me décentrent et me placent dans le dessein merveilleux de Dieu qui m’aime, me soutient et me rassure à chaque pas. Le Christ peut alors revisiter mes idéaux. Dans son regard, estime de soi, amour de soi, confiance en soi et appréciation de soi se déplacent et s’ajustent. Cette démarche n’évite pas les émotions naturelles. Ce n’est pas une sublimation qui fait échapper au réel. Dieu connaît mon cœur. Il peut tout entendre. Il console celui qui vide son cœur devant lui et s’abandonne dans la foi. Il m’encourage à être davantage aux manettes de ma vie, à m’affirmer. L’estime de soi se nourrit de mes initiatives et de ma fidélité à moi-même et aux valeurs qui m’animent.

TU AS DU PRIX À MES YEUX

Confiance en soi et estime de soi se complètent. Nous avons besoin de l’une et de l’autre. Je propose de les renforcer à l’appui de la Parole de Dieu. Car l’estime de soi, aptitude à s’aimer, à croire en sa valeur et à se respecter, a besoin d’un fondement et d’une autorité qui la valident. La Parole de Dieu légitime l’estime de soi dans la mesure où elle ancre en nos cœurs notre inestimable valeur aux yeux de Dieu. Dieu ne cesse de me répéter : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » Dès que j’occupe cette place unique, ma place unique sous son regard d’amour gratuit, je corrige les jugements positifs ou négatifs que j’ai de moi et me libère de la dépendance du regard des autres. Ce que les autres pensent de moi importe moins que ce que Dieu me dit. En vivant ainsi sous la bénédiction du Père, les talents humains et spirituels de chacun se déploient et fructifient. J’aime la définition de l’estime de soi qui en découle. Elle est énoncée par Josiane de Saint Paul : « L’estime de soi est l’évaluation positive de soi-même fondée sur la conscience de sa propre valeur et de son importance inaliénable en tant qu’être humain. Une personne qui s’estime se traite avec bienveillance et se sent digne d’être aimée et d’être heureuse. L’estime de soi est aussi fondée sur le sentiment de sécurité qui donne la certitude de pouvoir utiliser son libre arbitre, ses capacités et ses facultés d’apprentissage pour faire face, de manière responsable et efficace, aux événements et aux défis de la vie. »

3 CLÉS POUR UNE JUSTE ESTIME DE SOI

1 Me placer sous le regard de Dieu

Je conseille de passer du regard des hommes au regard de Dieu-Père. Pour cela, un travail intérieur est parfois nécessaire pour me libérer du juge intérieur, des injonctions conscientes ou inconscientes qui me tyrannisent. Quand le Christ devient le maître d’un cœur, il y règne la paix et la miséricorde. Cela suppose souvent une réconciliation avec Dieu, avec des parents dont on a trop attendu, avec soi-même… Pardonnons à autrui et pardonnons-nous à nous-mêmes, et apprenons à nous regarder comme Dieu nous voit.

2 Occuper mon corps

Certains s’assoient du bout des fesses. On les croirait prêts à s’éjecter au cas où ils se sentiraient de trop. Entraînons-nous à occuper physiquement notre place, à nous y poser en respirant paisiblement. Et dans notre cœur, répétons : « Je suis voulu de Dieu. Si j’existe, c’est que je suis l’objet de son amour. » La première place à occuper, c’est mon propre corps. Une bonne conscience corporelle dans l’instant présent solidifie l’estime de soi.

3 Opposer aux pensées négatives récurrentes l’autorité de la Parole de Dieu

L’autorité, c’est étymologiquement ce qui fait grandir. Tant de messages extérieurs et intérieurs nous sapent… Pour booster l’estime de soi, chacun peut expérimenter que Dieu l’aime et lui parle personnellement. Cette Parole est vivante. Elle a tout créé, aujourd’hui elle me recrée. Il est donc précieux de la retenir en lisant par exemple les textes de la messe chaque jour et en se remémorant tout au long de la journée une parole positive puisée dans la Bible. Celui qui nourrit son esprit et son intelligence en mémorisant la Parole de Dieu sent en lui s’accroître force, confiance, calme et courage. Aux pensées d’auto-accusation (je suis nul, je suis raté, je ne m’aime pas), j’oppose une pensée nourrie par la Parole de Dieu (« Tu m’as aimé et tu t’es livré pour moi. » cf. Gal 2, 20). Pour trouver les textes du jour et faire ce travail de mémoire, je télécharge par exemple l’application « Découvrir Dieu » grâce à laquelle je peux sauvegarder les passages de la Parole qui m’ont touchés.

TÉMOIGNAGE « JE N’ARRIVAIS PAS À TROUVER UN EMPLOI »

Sophie, 25 ans, surdiplômée, a entrepris une thérapie psycho-corporelle, la méthode Vittoz.

«Plus j’avais d’entretiens d’embauche, plus j’étais stressée. À chaque fois, c’était l’échec. J’entrepris quelques séances de Vittoz pour gérer mon stress. Très rapidement, la thérapeute me fit remarquer que je m’asseyais sur le bord de la chaise, du bout des fesses, prête à être éjectée ! J’appris à être présente à la sensation de mon corps. Ainsi, je sentis une vraie détente corporelle et mentale. Je m’entraînai à occuper toute la place sur la chaise avec mon assise. La thérapeute m’apprit à m’asseoir « comme une reine ». C’est ce que je fis lors de l’entretien suivant. J’arrêtai de préparer mentalement les réponses aux questions supposées m’être posées. Je me positionnai en conscience corporelle avec la sensation de mes pieds sur le sol, de ma respiration, bien assise comme une reine. Je regardai bien en face mon interlocuteur et je fis l’expérience que je pouvais répondre paisiblement aux questions sans être stressée. Comme vous pouvez l’imaginer, je fus perçue comme une fille sûre d’elle-même et je fus embauchée ! Cette expérience m’aida à avoir confiance en moi et en mes capacités jusqu’alors paralysées par la peur du rejet. Je m’efforce de vivre en conscience au présent dans mon corps qui est rempli de Dieu. Ça m’apaise et me relie à une inestimable source de sagesse. »

Anne-Marie Haumonté est psychopraticienne Vittoz, membre de l’association Mieux connaître l’angoisse de séparation et de la Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse.