Avec la Lettre Apostolique ‘Patris corde’ (‘avec un cœur de père’), le pape François rappelle le 150e anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle. À cette occasion, une « année spéciale saint Joseph » se tient du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021.
La pandémie de Covid-19, écrit le Pape, nous fait comprendre l’importance des personnes ordinaires, celles qui, éloignées des projecteurs, font preuve de patience, insufflent l’espérance et veillent à créer une vraie coresponsabilité. À l’image de saint Joseph, « l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée », et qui, pourtant, « joue un rôle inégalé dans l’histoire du salut ».
Père aimé, tendre et obéissant
Saint Joseph, en effet, a exprimé concrètement sa paternité en ayant «fait de sa vie une oblation de soi, de son cœur et de toute capacité d’amour mise au service du Messie» (Paul VI, homélie, 19 mars 1966). C’est précisément en raison de son «rôle charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau testament» qu’il a « toujours été très aimé par le peuple chrétien ». En lui, « Jésus a vu la tendresse de Dieu », « celle qui nous fait accueillir notre faiblesse », parce c’est « à travers, et en dépit de notre faiblesse » que se réalise la plus grande partie des desseins de Dieu. « Seule la tendresse nous sauvera de l’œuvre de l’Accusateur », souligne le Saint-Père, et c’est en rencontrant la miséricorde de Dieu, « notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, que nous pouvons faire une expérience de vérité et de tendresse », parce que «Dieu ne nous condamne pas, mais nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne». Joseph est également père dans l’obéissance à Dieu : avec son “fiat”, il sauve Marie et Jésus et enseigne à son Fils à « faire la volonté du Père». Appelé par Dieu à servir la mission de Jésus, «il coopère dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption et il est véritablement ministre du salut ».
Un père qui accueille la volonté de Dieu et du prochain
Dans le même temps, Joseph est « père dans l’accueil », parce qu’il reçoit Marie « sans conditions préalables », un geste important encore aujourd’hui, « en ce monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est patente ». L’Époux de Marie est celui qui, confiant dans le Seigneur, accueille dans sa vie des événements qu’il ne comprend pas, laissant de côté ses raisonnements et se réconciliant avec sa propre histoire. La vie spirituelle de Joseph « n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille », ce qui ne fait pas de lui un « homme passivement résigné » pour autant. Au contraire : « il est fortement et courageusement engagé », car avec la force pleine d’espérance de l’Esprit-saint, Joseph a su faire aussi place « à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence ».
Ce que Dieu dit à notre saint, il semble le répéter à nous aussi: «N’ayez pas peur!», parce que « la foi donne un sens à tout évènement, heureux ou triste », et nous fait prendre conscience que « Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers ». Non seulement Joseph ne cherche-t-il pas de raccourcis, « mais il affronte “les yeux ouverts” ce qui lui arrive en en assumant personnellement la responsabilité ». Ainsi donc, son accueil «nous invite à accueillir les autres sans exclusion, tels qu’ils sont, avec une prédilection pour les faibles ».
Père courageux et créatif, exemple d’amour pour l’Église et les pauvres
‘Patris corde’ met en exergue «le courage créatif» de saint Joseph, celui que l’on rencontre dans les difficultés et qui tire de nous des ressources que nous ne pensions même pas avoir. «Le charpentier de Nazareth, explique le Pape, sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence». Il affronte les problèmes concrets de sa famille, comme le font toutes les autres familles du monde, en particulier celles des migrants. « En ce sens, je crois que saint Joseph est vraiment un patron spécial pour tous ceux qui doivent laisser leur terre à cause des guerres, de la haine, de la persécution et de la misère », écrit encore le Saint-Père. Gardien de Jésus et de Marie, Joseph « ne peut pas ne pas être le gardien de l’Église », de sa maternité et du Corps du Christ : « chaque nécessiteux, chaque pauvre, chaque souffrant, chaque moribond, chaque étranger, chaque prisonnier, chaque malade est “l’Enfant” que Joseph continue de défendre », et de lui, nous apprenons à « aimer l’Église des pauvres ».
Un père qui enseigne la valeur, la dignité et la joie du travail
Honnête charpentier qui a travaillé «pour garantir la subsistance de sa famille», Joseph nous enseigne aussi « la valeur, la dignité et la joie » de « manger le pain, fruit de son travail ». Ce trait caractéristique du père putatif de Jésus donne au Pape l’occasion de lancer un appel en faveur du travail, « devenu une urgente question sociale » même dans les pays où l’on vit un certain bien-être. « Il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité » qui «devient participation à l’œuvre même du salut» et « occasion de réalisation, non seulement pour soi-même mais surtout pour ce noyau originel de la société qu’est la famille ».
La personne qui travaille, « collabore avec Dieu lui-même et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure ». De là, l’exhortation du Pape « à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu ». Au regard de l’aggravation de la pandémie de Covid-19, François appelle à « revoir nos priorités » afin que nous puissions nous engager à dire: « aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail ! »
Père dans l’ombre, décentré par amour de Marie et Jésus
Prenant appui sur L’ombre du Père, livre de l’écrivain polonais Jan Dobraczyński, le Souverain pontife décrit la paternité de Joseph envers Jésus comme « l’ombre sur la terre du Père Céleste ». « On ne naît pas père, on le devient », observe François, « parce qu’on prend soin d’un enfant », en assumant la responsabilité de sa vie. Malheureusement, dans la société contemporaine, « les enfants semblent souvent être orphelins de pèr e», de père capable « d’introduire l’enfant à l’expérience de la vie », sans le retenir ou le posséder, mais bien en le rendant « capable de choix, de liberté, de départs ». En ce sens, Joseph est qualifié de «très chaste», ce qui exprime «le contraire de la possession»: il « a su aimer de manière extraordinairement libre » pour mettre au centre de sa vie, Marie et Jésus.
Le bonheur de Joseph est dans « le don de soi »: jamais frustré mais toujours confiant, Joseph reste silencieux, sans se lamenter, mais pose toujours « des gestes concrets de confiance ». Sa figure devient d’autant plus exemplaire dans un monde « qui a besoin de pères, et refuse les chefs », « refuse ceux qui confondent autorité avec autoritarisme, service avec servilité, confrontation avec oppression, charité avec assistanat, force avec destruction ». Le véritable père est celui qui « renonce à la tentation de vivre la vie des enfants », et en respecte la liberté, parce que la paternité vécue pleinement rend le père « inutile » à partir du moment où « l’enfant est autonome et marche tout seul sur les sentiers de la vie ». Être père n’est jamais « un exercice de possession », souligne François, mais «un signe qui renvoie à une paternité plus haute», « au Père céleste ».
La prière quotidienne du Pape à saint Joseph
‘Patris corde’, qui se conclut par une prière à saint Joseph, révèle également -à la note 10- une habitude de vie du Pape François : tous les jours en effet, « depuis plus de 40 ans », le Saint-Père récite une prière à l’Époux de Marie « tirée d’un livre français de dévotion des années 1800 de la Congrégation des religieuses de Jésus et Marie ». Le Pape explique qu’il s’agit d’une prière « qui exprime dévotion et confiance » à saint Joseph mais qui parle aussi d’un « certain défi », car elle se termine avec ces mots: « Qu’il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir ».
Le don des indulgences en l’année saint Joseph
Le décret de la Pénitencerie apostolique offre la possibilité, jusqu’au 8 décembre 2021, de recevoir des indulgences spéciales liées à la figure de saint Joseph, « chef de la famille céleste de Nazareth ». Une attention particulière est accordée à ceux qui souffrent en cette période de pandémie.
Le Pape François lui a consacré une année spéciale, 150 ans après sa proclamation comme Patron de l’Église universelle. D’où la décision de la Pénitencerie, conformément à la volonté du Pape, d’accorder l’indulgence plénière jusqu’au 8 décembre 2021 aux conditions habituelles : confession sacramentelle, communion eucharistique et prière selon les intentions du Pape.
Méditer sur saint Joseph
Les fidèles, en participant à l’Année de saint Joseph « avec une âme détachée de tout péché », pourront obtenir l’indulgence par diverses modalités que la Pénitencerie énumère dans le décret.
Ceux qui méditent « pendant au moins trente minutes sur la prière du Notre Père », ou qui participent à une retraite spirituelle même pour une journée « qui comprend une méditation sur saint Joseph » pourront bénéficier de ce don spécial. « Saint Joseph, véritable homme de foi, nous invite – lit-on dans le décret – à redécouvrir notre relation filiale avec le Père, à renouveler la fidélité à la prière, à écouter et à correspondre avec un profond discernement à la volonté de Dieu ».
La miséricorde au nom du « juste »
L’indulgence peut être obtenue en accomplissant « une œuvre de miséricorde corporelle ou spirituelle », à l’exemple de saint Joseph, « dépositaire du mystère de Dieu », qui « nous pousse à redécouvrir la valeur du silence, de la prudence et de la loyauté dans l’accomplissement de nos devoirs ». La vertu de justice, pratiquée par Joseph, est « la loi de la miséricorde » et est « la miséricorde de Dieu qui amène la vraie justice à son accomplissement ».
La prière en famille
Réciter le chapelet en famille et entre fiancés est l’un des moyens d’obtenir ce cadeau. Saint Joseph était l’époux de Marie, le père adoptif de Jésus et le gardien de la famille de Nazareth, où sa vocation s’est épanouie. La Pénitencerie apostolique invite donc les familles chrétiennes à recréer «la même atmosphère de communion intime, d’amour et de prière qui était vécue dans la Sainte Famille».
Pour un emploi décent
Ceux qui se tournent avec confiance vers « l’artisan de Nazareth » pour trouver un emploi et le rendre digne pour tous, pourront obtenir l’indulgence plénière, étendue également à ceux qui « confient quotidiennement leur travail à la protection de saint Joseph ». C’est précisément le 1er mai 1955 que Pie XII avait institué la fête du saint « avec l’intention que la dignité du travail soit reconnue par tous, et qu’elle inspire la vie sociale et les lois, fondées sur le partage équitable des droits et des devoirs ».
Une prière pour l’Église qui souffre
Le décret de la Pénitencerie apostolique prévoit une indulgence « aux fidèles qui réciteront la Litanie à saint Joseph (pour la tradition latine), ou l’Akathistos à saint Joseph, en totalité ou au moins une partie de celle-ci (pour la tradition byzantine), ou une autre prière à saint Joseph, propre aux autres traditions liturgiques ». Prières qui sont donc en faveur « de l’Église persécutée ad intra et ad extra et pour le soulagement de tous les chrétiens qui souffrent de toute forme de persécution » car, lit-on dans le texte, « la fuite de la Sainte Famille en Égypte nous montre que Dieu est là où l’homme est en danger, où il souffre, où il s’échappe, où il connaît le rejet et l’abandon ».
Un saint universel
D’autres occasions d’obtenir l’indulgence plénière sont « toute prière ou acte de piété légitimement approuvé en l’honneur de saint Joseph » comme par exemple, explique la Pénitencerie, « À toi, ô Bienheureux Joseph », en particulier «les fêtes du 19 mars et du 1er mai, la fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, le dimanche de saint Joseph (selon la tradition byzantine), le 19 de chaque mois et chaque mercredi, le jour dédié à la mémoire du saint selon la tradition latine ».
Le décret rappelle l’universalité du patronage de l’Église par Joseph, en rapportant les paroles de sainte Thérèse d’Avila qui le croyait plus que d’autres saints capables d’aider dans de nombreux besoins. « Une pertinence renouvelée pour l’Église de notre temps, en relation avec le nouveau millénaire chrétien », c’est ce que saint Jean-Paul II a souligné à propos de Joseph.
Le réconfort en cas de pandémie
Une attention particulière est accordée à ceux qui souffrent dans cette urgence de coronavirus. Le décret stipule que « le don de l’indulgence plénière est particulièrement étendu aux personnes âgées, aux malades, aux mourants et à tous ceux qui, pour des raisons légitimes, ne peuvent pas quitter leur domicile ». Ceux qui récitent « un acte de piété en l’honneur de saint Joseph en offrant avec confiance à Dieu les peines et les épreuves de leur vie » pourront recevoir ce don « avec une âme détachée de tout péché et avec l’intention de remplir, dès que possible, les trois conditions habituelles, chez eux ou là où l’empêchement les retient ».
Le rôle des prêtres
La dernière exhortation est adressée aux prêtres pour qu’ils « s’offrent avec un esprit volontaire et généreux à la célébration du sacrement de la pénitence et administrent souvent la sainte communion aux malades ».