Dans la Croix du Nord, hebdomadaire chrétien du Nord de la France, le Père Bernard Podvin, ancien secrétaire général de la Conférence des Évêques de France a publié ce message d’espérance et de vérité, aux prêtres, aux laïcs, diacres et consacrés. C’était le vendredi 15 mars.
« En ces heures particulièrement tumultueuses, c’est à vous que je pense, prêtres, laïcs, diacres et consacrés qui animez le quotidien de l’Église. Vous êtes là, chaque matin que Dieu fait. Vous animez les communautés au plus près des gens. Vous ne faites jamais parler de vous.
Là, chaque matin que Dieu fait ! Et c’est cette fidélité discrète qui vous honore.
Dans la tempête actuelle, vous tenez bon. Vous aimez les personnes qui habitent les lieux de vie où sont édifiées vos églises. Vous compatissez à leurs peines. Vous vous réjouissez de leurs joies. Vous êtes les « catholiques » de chaque instant dans l’accueil, l’animation, la célébration, la gestion et tant de choses encore. Vous ne renâclez devant aucune tâche ingrate, inaperçue et pourtant vitale.
En ce moment, la « barque Église » est battue par tant de vents ! Vous êtes là, chaque matin que Dieu fait. Parce que Monsieur Untel est décédé et qu’il convient d’accompagner les siens dans ce chagrin et l’espérance. Parce que la petite Unetelle sera baptisée et que cette joie vous réchauffe le cœur. Merci à vous pour cette résilience extraordinaire de vos êtres face à l’adversité.
Vous êtes les liens tissés de dimanche en dimanche
Vous n’ignorez rien de ce qui se passe, évidemment. Il faudrait habiter une île déserte sans réseaux sociaux pour ne pas savoir ! Vous êtes, ô combien légitimement révulsés par ce que Monseigneur Lebrun (archevêque de Rouen) appelle la « pourriture ». Vous faites le gros dos dans de nombreuses rencontres familiales ou amicales auprès de gens qui vous sont chers et sont éloignés de l’Église. Vous incarnez auprès d’eux le vrai visage. Celui de la proximité évangélique. Pas celui dénaturé, discrédité, trahi. Vous êtes les liens tissés de dimanche en dimanche. De catéchèse en catéchèse. Vous ouvrez les portes. Vous allumez les chauffages. Vous visitez les malades. Vous accueillez à la réconciliation. Merci à vous prêtres, laïcs, diacres et consacrés. Que ce soit dans les lieux d’Église, ou vos lieux de travail, de loisir et de vie, vous êtes la relation connue et appréciée. Vous faites lien !
Ancrez dans le Seigneur la capacité d’affronter les vents
Comme c’est bien compréhensible, il vous arrive, tels les disciples en Saint Marc, présents dans la barque prenant l’eau, de vous écrier vers Jésus endormi : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ! ». Mais, fondamentalement, vous savez que Jésus habite la barque. « Barque toute fracassée », comme disait déjà François de Sales accueillant sa nomination au diocèse de Genève. Chers prêtres, laïcs, diacres et consacrés, vous ancrez dans le Seigneur la capacité d’affronter les vents. Votre ordination, votre consécration et votre mariage vivifient votre personne.
L’ardeur catéchuménale donne raison à votre fidélité
Si l’Église n’était qu’une entreprise ou un parti, vous auriez tôt fait d’en prendre la tangente. Quelqu’un de plus grand et de plus intérieur anime cette vie ecclésiale. Il ne dort pas d’indifférence envers nous et les soucis traversés. Il dort du juste sommeil de la tâche accomplie par le Bon Pasteur. Mais son réveil en Saint Marc est hautement significatif de ce qu’est sa vigilante présence.
Les catéchumènes se préparant au baptême disent une action du Christ étonnante de nouveauté. Tandis que l’actualité de société et d’Église pourrait écraser cette vitalité d’un corrosif « À quoi bon? », l’ardeur catéchuménale donne raison à votre fidélité contre la tempête. Oui, merci à vous acteurs des communautés locales. En tenant bon dans le Christ, vous permettez à ce visage accueillant d’être réellement celui que le Christ désire envers nos frères humains. Votre attitude est belle.
On ne veut pas de l’opprobre généralisé.
Vous êtes d’une grande dignité en ce Carême éprouvant. Cette dignité revêt deux aspects très forts et très complémentaires : d’une part, la nécessaire détermination que rien ne doit entraver la justice ; d’autre part, le refus qu’un opprobre généralisé soit entretenu dans les esprits. De cette noblesse et cette vérité, merci à vous tout simplement.
Père Bernard Podvin
Ancien secrétaire général des Évêques de France