La pierre a été roulée, le Christ est ressuscité ! Alléluia !
Notre monde a un grand besoin d’espérance ! D’où provient-elle ?
Quand l’Evangile devient familier, il se fait la lampe du quotidien ; grâce à lui, nous pouvons décoller les tympans et la rétine des discours et des images anxiogènes déversés chaque jour sur les écrans, et puiser notre espérance à sa source, c’est-à-dire dans la Résurrection du Christ. Elle fait jaillir en nos cœurs la lumière, sans que nous entrions dans le déni des réalités inquiétantes et évènements tragiques. Elle nous provoque à vivre en « hommes nouveaux » car le Seigneur Jésus a vraiment vaincu les puissances mortifères du péché par l’Amour.
Qu’est-ce à dire que le Christ est ressuscité ? Disons que c’est une expérience qui appartient à Jésus seul. Le lendemain du sabbat, le premier jour de la semaine, venant au tombeau au petit matin, les femmes constatèrent que la pierre qui le fermait avait été roulée sur le côté et que le corps avait disparu. De même Pierre et Jean, arrivés à leur tour, observèrent le linceul resté là et le linge qui avait recouvert la tête roulé à part à sa place (Jn 20, 6-7). Or, le corps ne s’était pas volatilisé. « Là où je suis, vous y serez aussi » (Jn 14 3), avait promis Jésus à ses disciples. Là où il est désormais, ce n’est pas un lieu mais une condition nouvelle dans laquelle il est entré tout entier corps, âme, esprit, radieux et victorieux de tout mal.
La résurrection n’efface pas la réalité corporelle, elle la transforme. Elle est une présence nouvelle, selon un nouveau statut du corps. Saint Paul l’appelle le « corps spirituel ». C’est un peu paradoxal car le corps est normalement corporel, mais le qualificatif spirituel renvoie ici au « pneuma », le Souffle Saint qui renouvelle toutes choses. D’ailleurs, quand le Ressuscité se manifesta, les disciples ne le reconnurent jamais du premier coup. Ils le prirent pour le gardien du jardin, pour un voyageur sur la route d’Emmaüs, pour un promeneur matinal au bord du lac. Il leur a fallu l’illumination de l’Esprit Saint et la remise en mémoire des paroles de leur Maître pour enfin lancer le cri de la foi : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21, 7).
Jésus mort sur la Croix et Ressuscité sait nous rejoindre jusque dans nos situations humaines les plus difficiles, partageant nos peines et nos désarrois. Il vient les remplir de toute l’intensité de son amour, de toute la force de sa charité, de toute la paix de son cœur immensément sensible à nos détresses. Et même, il vient jusqu’à nous quand nous nous sentons accablés par nos péchés, englués dans nos rancœurs, empêtrés dans nos jalousies, emprisonnés dans nos égoïsmes ; il ouvre une fenêtre spirituelle dans notre horizon souvent bouché, il dépose en nos cœurs sa paix et son pardon. Il nous apprend le lâcher-prise en se faisant notre allié dans la vie concrète et pour la vie à jamais.
Le philosophe nihiliste Nietzsche (1844-1900) estimait que les chrétiens se devaient d’être toujours souriants, en forme, irréprochables. Cette vision est bien sûr utopique. Par contre, croire à la Résurrection de Jésus Christ attestée par le sang des martyrs chrétiens d’hier et d’aujourd’hui, c’est accueillir son appel à vivre en communion avec Lui dès le monde présent. C’est avancer dans la ferme espérance du salut pour tout le genre humain. C’est prier avec fidélité et persévérance, agir avec charité et vérité. C’est s’engager chacun ses charismes et ses responsabilités au service de la justice et de la fraternité, de l’éducation et de la paix. Oui la pierre est roulée, l’avenir est ouvert et il l’est jusque dans l’au-delà.
Jean-Marie VERON